| English translation: Exclusive interview of Thierry Ehrmann, the Founder and Ceo of Artprice.com >>>
 
 Interview exclusive de Thierry Ehrmann, PDG d'Artprice.com Boursica.com : Pouvez-vous nous rappeler la genèse d'Artprice ? Thierry Ehrmann :C'est tout d'abord un immense travail collectif d'historiens d'art   incroyable. Nous avons racheté en 14 ans presque l'intégralité des fonds   éditoriaux en Europe et aux USA puis désormais en Asie, cela couvre   aussi bien des sociétés d'éditions, des fonds éditoriaux d'art dans le   monde entier que des éléments d'actifs pour plus de 30 millions d'euros.
 Il faut savoir qu'à travers Groupe Serveur dont je suis le   Fondateur, (maison mère d'Artprice, qui est le spécialiste des banques   de données juridiques, judiciaires et scientifiques), nous sommes sur   Internet depuis 1985 et nous avons donc pu préparer et identifier nos   cibles clés lors de notre arrivée dans les années 90 sur le marché de   l'art. Boursica.com : Quelles étaient ces cibles ? Thierry Ehrmann :Ces cibles étaient des sociétés mythiques comme par exemple le Guide   Enrique Mayer (1962/1987), le célèbre Dictionnaire des ventes d'art   1700-1900 du Docteur H. Mireur, le leader américain Sound View Press   avec près de 50 bases de données sur les USA (1991), les Editions Franck   Van Wilder (1970) la Sté Suisse Xylogic (spécialiste mondial des   indices du marché de l'Art) (1985), la banque de données Bayer sur le   marché de l'art anglo-saxon de 1700 de 1913, Monogrammes et Signatures   de Caplan (USA), ouvrage de référence mondial (1976), L'Argus du Livre   de Collection et des manuscrits (France), l'ouvrage de référence   mondiale (1982) ; et la liste est encore très longue...
 Il y a aussi une politique d'achat systématique depuis 14 ans, des   manuscrits et catalogues principalement de 1700 à 1970 en provenance du   monde entier. On ne pouvait pas faire autrement que d'acheter ce savoir   historique, sinon, on ne pouvait pas normaliser le marché de l'art avec   certitude ni connaître la parfaite traçabilité des œuvres et de leur   bonne attribution à la biographie de l'artiste. On a largement passé le cap du million d'heures de travail   d'historiens, de chercheurs et de journalistes en marché de l'art qui   ont documenté et écrit sur toutes les œuvres issues de ces manuscrits et   catalogues, notamment du 17e siècle à nos jours. C'est pour cela que   nous avons la plus grande banque de données d'informations sur le marché   au monde qui permet de tracer les œuvres d'art au fil des siècles avec   108 millions d'images ou gravures d'œuvres d'Art de 1700 à nos jours   commentées par nos historiens d'art. Ce n'est pas pour rien que Artprice enrichit en temps réel ses   banques de données en provenance de près de 4500 Maisons de ventes et   publie en continu les tendances du Marché de l'Art pour les principales   agences et 6300 titres de presse dans le monde. On est chaque jour   présent, sans payer un centime dans toute la presse mondiale avec notre   copyright et notre adresse Internet. Que demander de plus en matière de   notoriété et de communication ? Boursica.com : Pouvez vous finir la genèse d'Artprice? Thierry Ehrmann :Pour revenir à la genèse, on est remonté aux prémisses du marché de   l'art qui est né pratiquement vers 1700, ce n'est qu'à partir de cette   période, que l'artiste s'affranchit réellement des commandes des Princes   de l'Eglise puis des Princes de Sang, pour enfin produire face à la   demande. C'est à ce moment là que nous pouvons considérer la naissance   du marché de l'art au sens économique du terme.
 Depuis 14 ans, on a des experts et marchands qui travaillent pour   nous dans le monde entier et dès qu'ils ont des manuscrits, ils nous   préviennent et on achète les manuscrits et catalogues. On en a tellement   racheté qu'on a peu à peu instauré un assèchement, au début nous les   achetions très cher puis progressivement la technique du ciseau a   fonctionné et les derniers sont achetés chaque année à des prix très   raisonnables... Ce fonds est unique au monde et nous l'ouvrons avec   autorisation préalable de notre part à des chercheurs du monde entier. Boursica.com : Quel est donc votre valeur ajoutée sur ces fonds documentaire ? Thierry Ehrmann :Notre travail dans les banques de données d'Artprice est avant tout un   travail de mineur de fond, il faut chaque jour descendre à la mine, et   ce depuis 15 ans, on est monté dans les années 2000 à plus d'une   centaine de salariés alors que nous sommes désormais 45 car tout le   travail est désormais en banques de données. Le nombre de salariées a   été divisé par trois et le nombre de serveurs a été multiplié par près   de 30 au cours de cette dernière décennie. Pour normaliser le marché de   l'art, il a fallu passer par l'inventaire absolu des œuvres d'art et la   biographie de centaines de milliers d'artistes du IV siècle avant J.C. à   nos jours, avec parfois des centaines d'homonymes auxquels il faut   attribuer à chacun ses bonnes œuvres.
 Boursica.com : Comment produisez vous vos indices de référence sachant qu'un tableau est par nature unique ? Thierry Ehrmann :Par exemple une œuvre qui est repérée en 1850, on la voit passer de   maison de ventes en maison de ventes aux travers des décennies, et on   est donc bien certain qu'il s'agit de la même œuvre. On en connaît donc   la cote et le rendement année par année et c'est pour cela qu'on est la   seule société au monde à pouvoir avoir une méthode économétrique   irréprochable sur l'ensemble des œuvres, En économétrie on appelle cela :   la méthode des "ventes répétées". Car nous travaillons sur un marché   homogène. Les autres font des moyennes arithmétiques, usent de la   méthode des comparables, mais cela induit des erreurs car leurs études   porte sur un marché de type hétérogène.
 Boursica.com : Comment avez vous pu contourner ce problème en si peu de temps ? Thierry Ehrmann :C'est pour cela que nous avons racheté une petite fortune en 2000 la   célèbre société Suisse Xylogic, faite de scientifiques qui avaient   élaboré tous les algorithmes et indices du marché de l'art depuis 1985.   On est les seuls à avoir 10 ans après ces bases de données gigantesques   (plus de 700 téraoctet) dans nos propres salles informatiques avec près   de 900 serveurs en opérant sur nos propres fibres optiques dont nous   sommes propriétaires. Nous ne dépendons d'aucune SSII, ce qui explique   l'extrême rapidité de nos développements, notre R et D et la faiblesse   de nos charges informatiques.
 Ce qui est très important pour Artprice c'est que nous nous avons   réussi à constituer la plus grande collection de manuscrits et   catalogues anciens annotés au monde. Ce fonds documentaire colossal est   d'ailleurs passé en compte de charges dans le cadre du principe de   précaution, ce qui est une très bonne nouvelle pour nos actionnaires qui   ont un bilan qui ne révèle pas ces actifs qui sont bien évidemment très   importants. Tous les jours on enrichit nos banques de données avec de nouvelles   données qui viennent du monde entier. On a acheté des bases de données   anglo-saxonnes, chinoises, hollandaises sans lesquelles on ne pourrait   pas travailler, même si on mettait les meilleurs historiens d'art sur le   développement, ils ne pourraient pas obtenir le même résultat. Par   exemple, pour un peintre hollandais qui s'appelle Dick Van, un patronyme   très répandu en Hollande, il est impossible sans nos bases de données   d'être certain qu'on parle du même peintre et de ses oeuvres. Boursica.com : Les gens disent: Pourquoi tout le monde va sur Artprice que répondez-vous ? Thierry Ehrmann :Tout simplement parce que nous n'avons pas de concurrent réel, car   nous sommes les seuls à gérer plus d'un million de biographies avec   aussi des artistes qui ne sont pas encore cotés et 108 millions d'images   ou gravures d'œuvres d'Art. Même la personne qui n'a pas d'atomes   crochus avec Artprice est obligée de passer par nous pour un artiste qui   n'est pas encore très connu, voir totalement inconnu. Il en est de même   pour une œuvre rare à authentifier.
 Les gens ne voient que le haut d'Artprice, mais Artprice c'est avant   toute chose un énorme travail en amont, je me demande même comment on a   eu cette force ! La passion je pense est la seule explication   rationnelle après toutes ces décennies... Boursica.com : L'argent levé en bourse ainsi que les fonds du groupe   Serveur et du groupe Bernard Arnault sont à l'origine de la réussite   des acquisitions d'Artprice ? Thierry Ehrmann :Oui, mais qu'en partie car il faut savoir que le carnet de chèques ne   suffisait pas pour acquérir tous ces fonds, ce sont des Historiens ou   Auteurs célèbres avec un caractère terrible qui avaient reçu parfois des   offres mirobolantes mais l'aspect financier était très secondaire pour   ces personnalités. Il a fallu les convaincre avec notre projet, comme   par exemple Frank Van Wilder ou Peter Hastings Falk.
 Ces bases de données sont la richesse d'Artprice et par principe de   précaution, nos bilans là aussi ne reflètent pas la valeur réelle de nos   actifs qui sont très importants. C'est aussi la richesse pour nos   actionnaires pour les années à venir. Les normes IRFRS ne permettent pas   de donner la vraie valeur de notre société d'où la cotation en bourse   qui comme par hasard est beaucoup plus proche de la vérité, le Marché se   trompe très rarement sur plus de 10 ans de cotation en continue comme   sur Artprice. Boursica.com : Comment faites-vous avec le droit de reproduction des œuvres en ligne ? Thierry Ehrmann :Le droit de reproduction des œuvres est assuré par notre contrat   spécifique conclu avec l'ADAGP, société la plus représentative au monde,   qui perçoit et répartit les droits d'auteurs dans plus de 43 pays. Cet   accord très précurseur (2007) dans l'économie numérique est   régulièrement pris en exemple par les différents Ministères de la   Culture en Europe et notamment en France. Là aussi Artprice a pris une   très nette avance sur d'éventuels outsiders.
 Boursica.com : Est-il possible de faire un autre "Artprice" ? Thierry Ehrmann :Non, absolument pas. Tout est protégé au titre de la propriété   intellectuelle. J'ai en autres une formation de juriste en propriété   littéraire et artistique, et dans les années 1990 j'ai d'ailleurs été à   l'origine d'un lobby pour la protection des banques de données en Europe   qui est ensuite devenu le droit "Sui Generis". Ce droit en Europe est   l'équivalent de ce qu'on appelle aux USA les brevets logiciels.
 Pour être simple, toute personne même doté de fonds de plusieurs   centaines de millions d'euros se verrait interdire de construire des   banques de données ou la Place de Marché Normalisée d'Artprice, avec à   la clé une condamnation pour contrefaçon avec une amende proportionnelle   aux investissements, avec de surcroît l'interdiction d'exploiter ses   banques de données. Il faudrait donc un éventuel concurrent qui soit, non seulement muni   de fonds très importants mais qui puisse aussi réinventer une ergonomie   et une arborescence totalement différente de celles d'Artprice. Par   analogie et en simplifiant à l'extrême l'exemple, on pourrait dire qu'on   a protégé le fait qu'une voiture ait des roues rondes, il faudrait   alors que l'adversaire puisse imaginer que le véhicule soit sur des   rails ou avec une crémaillère, ce qui représente donc une barrière   d'entrée extrêmement dure à franchir. Boursica.com : Comment êtes-vous certain d'avoir les enchères ? Thierry Ehrmann :Plus de 80 % des Maisons de Ventes dans le monde font leurs catalogues   à partir de nos données, en temps réel ils ont la bio de l'artiste la   traçabilité de l'œuvre et les cotes et indices de l'artiste pour estimer   la mise à prix. Entre 2001 et 2003 on a passé 2 ans à téléphoner et   visiter les 3600 Maisons de Ventes et les 7400 experts, cette étude de   marketing et d'ingénierie nous a coûté très cher en déplacement dans le   monde et en charges salariales. L'univers des Maisons de Ventes étaient   orphelins des banques de données, les Commissaires Priseurs avaient au   mieux des fichiers word ou excel. Parmi les plus grandes Maisons de   Ventes, encore actuellement, certaines n'ont toujours pas de fichiers   informatisés sous banque de données.
 Boursica.com : Comment est ce possible d'avoir un tel retard en informatique et sur Internet en 2011 ? Thierry Ehrmann :C'est tout simplement dément, ceci dit, une vielle règle informatique   nous dit que plus une profession ou corps social est doté d'un pouvoir   et d'un savoir élevé, plus elle méprise ou ignore l'informatique   jusqu'au jour où elle est obligée de se plier aux exigences de ses   clients, et là Artprice arrive au bon moment. D'où nos clients   professionnels qui sont très captifs et récurrents au cours des années.   Là aussi c'est un gage de sérieux donné à nos actionnaires.
 D'où notre intranet par lequel la maison de vente peut produire très   vite son catalogue papier et sur Internet, et en même temps diffuser   sur la place de marché normalisée d'Artprice ses ventes futures en un   simple clic et pousser par exemple, une vente contemporaine incluant 63   artistes en sélectionnant en mode électronique parmi nos 1,3 millions   clients uniquement ceux qui suivent et recherchent ces 63 artistes (voir   même certaine période propre à l'artiste). C'est la « killer   application » dont rêvaient toutes les Maisons de Ventes petites ou   grandes qui dépensent des fortunes en publicité et en marketing. Pour   une vente dite "de prestige" le poste de publicité et marketing peut   peser chez la maison de Ventes à hauteur de 70% à 80% alors que ce poste   avec Artprice ne leur coûte que 4,5%. Boursica.com : Pourquoi avoir choisi la Demeure du Chaos comme siège sociale d'Artprice, provocation ou stratégie ? Thierry Ehrmann :Ni l'un ni l'autre, l'univers de La Demeure du Chaos est indissociable   de histoire d'Artprice et du Groupe Serveur, pionnier historique   d'Internet depuis 1987 dont les sièges sociaux sont au cœur de la   Demeure du Chaos. La Demeure du Chaos / Abode of Chaos dixit le "New   York Times," est née en 1999 de mon acte conceptuel, qui se nourrit du   Chaos alchimique de notre 21e siècle, tragique et somptueux, dont les   braises naissent le 11 Septembre 2001. Elle a presque le même âge   qu'Artprice à 3 ans près.
 Elle est devenue aujourd'hui, avec plus de 1890 reportages de presse   écrite et audiovisuelle de 72 pays, en 12 ans, une "Factory" et un   Musée incontournable et unique dans le monde, selon la presse artistique   internationale. C'est un musée à ciel ouvert et gratuit, présentant   plus de 3627 œuvres, où convergent chaque année désormais 120 000   visiteurs. Chaque fois que la presse artistique mondiale parle de la   Demeure du Chaos, Artprice est naturellement citée. Comment peut-on bâtir ex-nihilo Artprice, société quasi-mythique qui   source 90% de la presse mondiale sur l'information du marché de l'art,   sans être soi-même, dans sa chair et son âme, un plasticien passionné   d'histoire de l'art, vous n'imaginez pas le nombre de visiteurs de mon   Musée désormais numéro deux à Lyon en nombre d'entrées, qui sont aussi   clients ou actionnaires d'Artprice. Chaque année nous faisons notre   assemblée générale à la Demeure du Chaos et nous avons que des   encouragements depuis 10 ans. Côté client et notamment avec les galeries d'art dans le monde, ils   sont très sensibles de travailler avec Artprice dont le fondateur est   inscrit depuis plus de 25 ans dans les société de droit d'auteur en tant   que sculpteur plasticien, regardez ma bio sur le Who's Who et vous   comprendrez, il y a une grande partie de mes expositions dans le monde.   Il faut savoir que le milieu de l'art est très épidermique et que   Artprice, pour certains puristes, était dans les années 90, un groupe   qui n'avait pas la sensibilité de leur monde de par nos indices, cotes   et statistiques avec en plus, le fait d'être en Bourse. Avec la Demeure   du Chaos ces puristes sont devenus nos plus fidèles clients. Voilà la   vraie réponse à votre question ! Boursica.com : Combien peut-on valoriser Artprice ? Thierry Ehrmann :Depuis près de 120 ans selon la méthode des comparables, la valeur   d'une Maison de Ventes dans le monde c'est 80 % le fichier client, entre   800 et 4000 dollars par client et 20 % pour la marque de la Maison de   Ventes si cette dernière est notoirement connue. Pour bien comprendre la   différence entre un poste client estimé à 800 dollars et l'autre à 4000   dollars, c'est à partir des strates d'informations détenues sur le   client final que l'on calcule le prix.
 Boursica.com : Pouvez vous être plus clair avec un exemple précis ? Thierry Ehrmann :Prenons par exemple une vente du sculpteur Arman (1928/2005). On   pourrait définir un degré un (800 dollars) avec la Maison de Ventes qui   vous dit : j'ai 4500 clients qui achètent les nouveaux réalistes comme   Yves Klein, César, Arman ou Nikki de Saint-Phalle etc.... Le degré 2   serait que la Maison de Ventes vous précise qu'elle a aussi les clients   qui n'achètent que les sculptures d'Arman sachant qu'il est aussi   peintre et photographe. Mais le nec plus ultra que seul Artprice peut   proposer à ce jour, c'est le degré 3 où l'on peut proposer les 4500   clients dans le monde qui recherchent les sculptures d'Arman sur le   thème très précis des « poubelles organiques". Dans ce cadre-là, détenir   cette information finale constitue pour les Maisons de Ventes ou les   marchands le Saint Graal absolu. Car ils seront certains que les   enchères atteindront des maximums. On peut donc construire le   raisonnement que le degré 3 est la valorisation en fourchette haute à   environ 4000 dollars le client.
 C'est la plus vieille méthode pour valoriser une Maison de Ventes.   La grande valeur d'Artprice c'est de pouvoir trouver pour une vente les   collectionneurs dans le monde qui par leur présence vont permettre de   doubler ou tripler le prix de vente de l'œuvre. Dans une vente   cataloguée sur un artiste connu, des nouveaux collectionneurs de l'autre   bout de la planète peuvent faire doubler la vente et sur ce sujet-là,   Artprice est le seul à détenir ces fameux collectionneurs sur 210 pays. Nous pouvons affirmer sans difficulté qu'on a actuellement sur   Artprice 100 % des acteurs qui comptent dans le marché de l'art, les   grands marchands, les grands collectionneurs, l'intégralité des Maisons   de Ventes et les Experts, le noyau dur, celui qui fait et défait les   prix qu'on nomme les market-makers. Ils sont systématiquement clients   d'Artprice. Boursica.com : Même vos détracteurs sont sur Artprice ? Thierry Ehrmann :Même nos pires détracteurs se servent de nos données. On a 1 300 000   clients, on peut considérer que la valorisation se fait en fonction des   niveaux de recherche des clients. Plus on a des clients qui recherchent   quelque chose de très précis, plus la valorisation est importante pour   ces clients. Nous sommes certains de proposer les recherches les plus   fines. Plus la recherche est fine et plus le client est à même de faire   monter les prix aux enchères et donc ce client est d'autant plus   intéressant pour une Maison de Ventes.
 Nous avons un fichier client extrêmement complet avec plus de 18   milliards de logs, en respect avec la CNIL, les autorités européennes et   américaines, ce qui nous permet de savoir exactement ce que recherche   ou possède nos clients. Je pense avec le recul, que c'est à ce jour avec   sagesse, la meilleure méthode pour valoriser une Maison de Ventes parce   qu'elle date de 120 ans et qu'elle est toujours d'actualité et éprouvée   des milliers de fois de par le monde. Boursica.com : Quelles commissions aurez-vous sur les transactions ? Thierry Ehrmann :Nous sommes très compétitifs car l'intermédiation se situe à 37.5 %   selon le Conseil des ventes volontaires qui est l'AMF du marché de l'art   alors que nous serons entre 4,5 % et 7 %. On sera meilleur qu'une   banque pour une galerie ! Nous proposerons 4,5% pour la transaction avec   en plus entre 3% et 4,5 % sur la location du fichier clients dont on   vient de parler, ce qui permettra aux Maisons de Ventes de mieux cibler   les acheteurs potentiels, car nous mettrons en relation avec la Maison   de Ventes les personnes qui recherchent Arman mais mieux encore leur   proposer la période "poubelles organiques d'Arman" par exemple. De même   les commissions seront de 4,5 % sur les ventes de gré à gré.
 Boursica.com : Est-ce qu'Artprice est opéable ? Thierry Ehrmann :Une OPA sauvage est impossible du fait de l'auto contrôle de Groupe   Serveur sur le capital d'Artprice, par contre une OPA amicale pourquoi   pas si elle a une logique industrielle, notamment avec une maison de   ventes cotée en Bourse, on peut réfléchir.
 Pour mieux comprendre Artprice il faut consulter son document de   référence ou rapport annuel, ce sont des vraies mines d'or en terme   d'informations sensibles et très pointues. Boursica.com : Artprice a-t-elle une concurrence ? Thierry Ehrmann :Non, c'est clairement dit dans le rapport, car tout est protégé au   titre de la propriété intellectuelle. On a simplement dans un périmètre   différent que la société Artnet qui fait en volumes en un an de Bourse   ce que nous faisons en une semaine. Artnet ne fait pas le même métier   que nous, n'est coté que sur un marché non réglementé et ses comptes ne   sont pas audités. Il est pour nous un hébergeur de luxe qui ne possède   pas son outil de production. De plus il n'a pas toujours respecté le   droit de reproduction dans un certain nombre de pays. De surcroît il   s'est fait prendre sa marque Artnet par manque de vigilance par plus de   18 déposants de 21 pays et non des moindres... Enfin ses tarifs sont   exorbitants avec des requêtes limités par mois ce qui était le propre de   l'économie de l'Internet du début des années 90. Nous considérons que   pour être leader mondial il faut pratiquer une politique tarifaire   extrêmement agressive comme Dell qui est pour moi un modèle et qui a   laminé l'univers du PC et du Serveur.
 Boursica.com : Artprice est-elle en abus de position dominante ? Thierry Ehrmann :Non ! Votre question porte elle même la réponse, ce qui est puni par   les autorités de la concurrence c'est l'abus et non la position   dominante, nous n'avons fait aucun refus de vente, nos prix reflètent la   réalité de nos coûts et investissements et nous avons aucune politique   de vente sélective mais surtout nous sommes les auteurs originaux de   l'ensemble des produits et services d'Artprice, donc une démarche   novatrice et innovante. Certains on tenté cette approche avec nous et   ils ont été systématiquement débouté.
 Pour prendre le marché loyalement mais avec férocité il faut des   prix tellement bas qu'une hypothétique concurrence se mettrait tout de   suite en perte faute d'avoir comme nous déjà payé tous les   investissement sur 14 ans. J'en veux pour preuve qu'au cours de la période 2000/2010 aucun   concurrent n'est apparu, par contre on ne compte plus le nombre de   faillites de sites sur l'art qui ferment faute de fréquentation et donc   de chiffre d'affaires. Chaque semaine on a environ une dizaine de   demandes de rachats de marques, de sites ou de DNS mais cela représente   aucun intérêt pour nous, à l'exception de micro base de donnée très   pointue sur des pays émergents. Boursica.com : Vous avez été tenté d'acheter Artnet ? Thierry Ehrmann :Nous avons été sollicités à trois reprises pour racheter Artnet, mais   nous ne trouvons aucun intérêt, au risque de se prendre une multitude de   procédures. Quant à la marque, vu qu'elle n'est pas déposée de manière   mondiale on serait immédiatement pris dans des conflits de propriété   intellectuelle avec les autres propriétaires d'Artnet qui sont dans   leurs droits.
 Boursica.com : Il semble que d'autres DNS accèdent aux banques de données d'Artprice... Thierry Ehrmann :Oui, bien entendu, comme par exemple Artmarket.com. Nous avons 1800   DNS qui sont des génériques autour du marché de l'Art en 9 langues. Si   vous tapez Artmarket sur Google, vous avez Artprice numéro 1 en ranking   grâce au DNS Artmarket.com. Nous avons déposé toute la sémantique dans   le début des années 90 qui permet d'aborder le marché de l'art.
 Certains aujourd'hui valent de l'or car ce sont des génériques à l'état pur comme Artmarket, mais nous refusons de les vendre. Boursica.com : Avez-vous de nouveaux clients ? Thierry Ehrmann :Oui, tous les jours et nous nous rendons compte que l'âge moyen de   notre clientèle augmente car nous avons des personnes qui découvrent   l'Internet à tel point que nous devons les aider dans leur navigation   sur le site, et sur Internet en général. Nous avons une politique   d'aller chercher de nouveaux clients, où que ce soit, et les accompagner   sur Artprice. Cette clientèle s'appelle en autres les « silver surfers »   définis par les géants du marketing comme les surfeurs aux tempes   d'argent autrement dit les Seniors (plus de 55 ans). De même on voit de   plus en plus de jeunes collectionneurs avec une moyenne d'age de 30/35   ans d'où le succès phénoménal de l'abonnement Artprice Smartphone. Le   Marché de l'Art est effectivement passé dans le monde de 500 000   collectionneurs de l'après-guerre à désormais près de 300 millions   d'amateurs, collectionneurs et professionnels dont le terrain de chasse   de prédilection est désormais l'Internet avec la dématérialisation,   notamment par la Place de Marché Normalisée. Il est certain que le   continent asiatique a fait exploser le Marché de l'Art en nombre   d'acteurs.
 Boursica.com : Quelle est la santé financière d'Artprice ? Thierry Ehrmann :Contrairement à une grande majorité de sociétés cotées, nous n'avons   pas un centime de dette. Pas de découvert bancaire, pas d'emprunts   court, moyen et long terme, ni d'instruments financiers à rembourser   comme les BSA et autres produits dérivés... Ce qui étonne bien souvent   l'AMF !! Avec de plus, une bonne trésorerie et un BFR négatif.
 Il faut préciser que je suis viscéralement hostile aux augmentations   de capital qui non seulement dilue l'actionnaire mais surtout, et on   l'oublie souvent, interdit à la société cotée de voir son cours monter   très rapidement. J'en veux pour preuve qu'Artprice a environ 4 millions   de titres en circulation. Si nous étions comme la plupart des sociétés   de l'Eurolist réglementée nous serions plutôt entre 20 et 40 millions de   titres en circulation et nous aurions pris que 2 ou 3 euros en 2 mois   alors que nous avons pris 22 euros pour un volume traité en 45 séances   de bourse d'environ 250 millions d'euros. Boursica.com : Avec les volumes constatés, pourquoi n'y a-t-il pas eu de franchissement de seuil déclaré ? Thierry Ehrmann :D'après notre dernière enquête TPI et des estimations nous sommes   passés de 18 000 actionnaires à une estimation possible de 27 000   actionnaires environ. En 2010 nous avions 81 % de nos clients   actionnaires d'Artprice. C'est le gage de la sécurité car ils   connaissent presque tout d'Artprice, parfois ce sont eux qui nous   identifient des cibles à acheter ou nous donnent des idées   d'amélioration de nos banques de données.
 Boursica.com : Qu'en est-il des fonds chinois ? Thierry Ehrmann :La notion de franchissement de seuil chez eux n'est pas une notion   qu'ils comprennent et rentrent par de multiples comptes, ce qui leur   permet de rester en dessous. On a donné des call conférence aux gérants   de fonds dont les 2/3 sont de Hong Kong. Je n'avais jamais vu cela avant   et il est certain qu'ils n'achètent pas pour des clients français.
 Boursica.com : Dans combien de temps pensez-vous que le parcours   législatif sera terminé pour la Loi de libération des ventes aux   enchères ? Thierry Ehrmann :C'est une question de semaines tout au plus. Il faut préciser que la   France en moins de 45 ans est passée du 1er rang au 4 rang mondial avec   la Chine sur le haut du podium en n° 1 puis les USA en n° 2 et la Grande   Bretagne en n°3.
 De plus, le scandale Drouot pèse énormément, chaque semaine on a les   suites de l'affaire, les mises en examen ne font que commencer. Je vous   invite à lire l'ouvrage "Adjugé Volé" de Michel Deléan à ce sujet. Il y   a déjà 39 mises en examen. Le gouvernement semble décidé à aller   jusqu'au bout, sachant que Drouot c'est 45 % du marché de l'art   français. On a exaspéré les européens sur l'adaptation de cette   directive en droit interne et les pressions sont énormes sur la France.   C'est une affaire d'état, avec un risque d'amendes colossales par la   CEJ, la Cour Européenne de Justice. D'ailleurs l'Autorité française du   marché de l'art le CVV ONT estimé qu'il serait suicidaire pour la France   une réforme a minima et qu'après les injonctions de Bruxelles, la   saisine de la CEJ est très proche. On a été les premiers à rédiger le code de loi, le Code des Ventes   Volontaires et Judiciaires en 2000 qui est devenu la référence chez les   Commissaires Priseurs français. C'est le seul ouvrage (1800 pages) qui   indique la première réforme de 2000 et son inapplication. Cette réforme   de 2000 a été une gigantesque mise en scène car les Commissaires   Priseurs sont restés avec leur monopole de 1535 avec l'obligation entre   autres de demander une autorisation pour chaque vente. Où celle-ci était donnée quelques jours voire quelques heures avant   la vente. C'était donc un véritable obstacle à la libre circulation des   produits et services en Europe notamment pour les enchères d'œuvres   d'art sur Internet. On a tous les facteurs de réussite. Le processus est avalisé   définitivement. Le train de l'Histoire est en route et nous sommes dans   ce train que rien ne peut arrêter désormais. Il fallait être simplement   très patient et féroce contre ce monopole de près de 500 ans en suivant   un chemin de croix législatif de 10 ans. Boursica.com : Pourquoi n'avez-vous pas déménagé ? Thierry Ehrmann :Parce que le coût de sortie aurait été supérieur, sans parler des   incidences comme la communication ensuite en langue étrangère, un   nouveau marché de cotations, le déménagement physique tout le système et   du personnel, etc. ...
 Boursica.com : Que dire à propos de l'ISF ? Thierry Ehrmann :C'est un sujet très sérieux. C'est le bloc parlementaire UMP qui a   fait cette proposition. Leur analyse est de faire un ISF qui ne vise que   les plus-values latentes incontestables. Je n'applaudis pas forcément,   je ne pense pas que ce soit la bonne solution mais les parlementaires   ont bien compris qu'Artprice leur permet de dire aux collectionneurs   qu'il y a un rendement exact pour les œuvres qu'ils possèdent. Par   contre il est évident que ça va favoriser la place de marché Artprice   car les gens bénéficient d'un anonymat, Artprice protégeant l'identité   de l'acheteur et du vendeur. Ce qui n'est pas possible pour les salles   de ventes physiques. On s'est aperçu que le nombre de créations de   portefeuilles virtuels par nos clients a explosé le jour de l'annonce,   et dans les heures qui ont suivi pour simuler le cours de leur   collection.
 Boursica.com : Peut-on penser à un passage rapide au SRD Long Only ? Thierry Ehrmann :Peut-être en Septembre, c'est au comité scientifique d'Euronext de le   décider mais il est clair que nous dépassons les critères d'entrée.
 Boursica.com : Avez-vous backtesté votre système pour les futures enchères en ligne ? Thierry Ehrmann :Oui bien entendu, nous avons fait des bêtas tests à l'étranger et tout   est opérationnel. Les Maisons de Ventes sont déjà reliées à notre   Intranet pour les catalogues. Pour la place de marché je pense qu'il y   aura 80 % de Maisons de Ventes et professionnels et 20 % de   collectionneurs et particuliers. Dès que la loi va passer, nos meilleurs   clients seront les Commissaires Priseurs. Ils le disent eux-mêmes "on   ne peut faire qu'avec Artprice". Ils ont laissé passer le train   d'Internet à la fin des années 90 puis celui de 2005 et aujourd'hui   c'est trop tard et trop cher. On joue désormais à guichets fermés.
 Boursica.com : Quelle est la pénétration d'Artprice sur le marché chinois ? Thierry Ehrmann :Pour réussir nous avons acquis de nombreuses banques de données   chinoises, sinon c'était impossible. Nous avons eu le concours plein de   diplomatie des autorités chinoises, c'est obligé car les Maisons de   Ventes chinoises sont sous le contrôle partiel du gouvernement. Le   département des affaires culturelles en Chine nous a aidés pour   démontrer que la Chine était n°1 mondial du marché de l'art. Nous avons   un personnel chinois à Lyon, nous avons mis 4 ans entre le moment où   nous avons décidé de prendre le marché chinois et le moment où nous   avons été opérationnels.
 Boursica.com : Avez-vous eu des difficultés pour devenir leader mondial ? On vous reproche parfois votre côté procédurier ? Thierry Ehrmann :Oui et je l'assume à 100 %, nous avons eu 126 procès en 14 ans dans   plusieurs pays notamment par les distributeurs de livres de cotes que   l'on avait rachetés aux maison d'éditions et qui voulaient leur part sur   Internet ainsi que de très nombreux contrefacteurs d'Artprice pour   lesquels nous sommes pour la tolérance zéro, nous en avons gagné 117   dont tous les principaux. Comme ceux contre les 5 Maisons de Ventes   françaises, dont certaines sont chez Drouot au passage, elles ont toutes   renoncé au bénéfice de la Cour d'Appel sauf Camard que nous poursuivons   au pénal. Ceux qui ont été perdus l'ont été contre des tiers qui n'ont   ni impacté la vie de l'entreprise, ni ses comptes, ni ses objectifs.   Christie's Monde est une de nos plus belles victoires.
 Boursica.com : Peut-on espérer un dividende prochainement ? Thierry Ehrmann :Oui je pense en 2013/2014 selon nos prévisions. Avant cela je pense   qu'on aura enrichi de manière très importante nos actionnaires par le   cours de l'action. On se renforce avant en fonds propres, pour financer   les serveurs et autres équipements très onéreux pour nous permettre de   nous développer dans le monde avec le maximum de sécurité. Je rappelle   que nous sommes les seuls à posséder nos propres salles machines. On est   considéré comme les pionniers de l'Internet en France, le Groupe   Serveur a été le premier provider français et le second en Europe comme   le précisait Time Magazine. L'enrichissement de nos actionnaires sera   tel au niveau de l'action qu'on ne pourra pas avoir action et dividende   au départ ! D'autant que nous n'avons jamais fait d'augmentation de   capital.
 Boursica.com : Quel sera l'impact du changement de statut après la loi sur le chiffre d'affaires annuel ? Thierry Ehrmann :Il va mécaniquement exploser ! La croissance sera colossale.
 Boursica.com : Peut-on considérer qu'à 30 € nous ne sommes qu'au début de l'histoire ? Thierry Ehrmann :On remarque que le cours revient sur les niveaux atteints en 2005/2006   quand on a commencé à parler de la transposition de la Directive   Services. 30 € c'est le tout début, une simple remise à niveau avant que   la France exaspère en 5 ans l'Europe par son coté pathétique. Si on   veut raisonner sérieusement, on ne peut que partir d'une base de 67 €   qui était le plus haut cours de cotation. On a tenu l'ensemble des   engagements de notre prospectus d'introduction. Nous sommes même très   au-dessus des engagements du prospectus de 1999. 67 € a été le prix du   marché lorsque la place de marché normalisé n'existait pas. Nous sommes   donc en droit d'attendre le plus logiquement du monde un démarrage de   cours qui se situe mécaniquement au-dessus de 67 euros. Le dicton «   cours vu, cours revu », est une très vielle règle de la bourse.
 Boursica.com : Pour finir une prédiction pour l'avenir d'Artprice ? Thierry Ehrmann :Concernant nos engagements qui étaient à l'époque très ambitieux sur   le prospectus d'introduction de 1999, nous les avons tous remplis, bien   au-delà du prospectus en passant à travers la crise du NASDAQ de 2000,   les attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Irak de 2003, la grande   crise financière démarrée en 2007 et qui est loin d'être finie. Avec   cette décennie la plus catastrophique des deux derniers siècles, je   connais très peu de sociétés cotées sur le marché réglementé qui s'en   sont sorties vivantes sans augmentation de capital et qui ont acquis   durant cette période une position de leader mondial incontesté. Pour   clôturer cette interview, je pense sincèrement que nous ne sommes qu'à   10% de l'histoire d'Artprice.
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